Le SO’ ***

Dans notre quête éternelle des bonnes tables de la Guadeloupe, nous sommes bien entendus à l’affût des nouveaux établissements souvent gage de bonnes résolutions, de nouveaux concepts ou de paliers supérieurs dans la qualité. Ainsi, après être passé devant le SO’ à de très nombreuses reprises, nous nous étions promis de nous arrêter un jour… Et puis, à la faveur d’une envie carnivore de l’adorable Lili et dans la perspective de faire le plein en protéines animales , nous avons honoré notre promesse en stoppant la voiture sur le petit parking juste à côté de la nationale.

En lieu et place de la fameuse « Route du bœuf », vous êtes forcément passés à côté. Juste après le pont du Gosier en venant de Pointe-à-Pitre, vous ne pouvez manquer, sur la gauche, les nouveaux panneaux où sont inscrits, en blanc sur fond noir, le nom du restaurant. Vous remarquerez en consultant la page Facebook que les deux nouveaux propriétaires (Shirley pour le S et Olivier pour le O) n’ont pas compté leurs efforts pour rénover l’endroit et lui conférer un cadre autrement plus moderne que celui qui lui précédait. Il est donc 12h20, nous entrons…

C’est d’abord une terrasse avec une petite dizaine de tables qui nous accueille avant que les deux serveurs prennent rapidement le relai avec le sourire. On nous propose la douceur tropicale de l’extérieur ou l’agréable fraîcheur de la salle climatisée, nous optons pour cette dernière. Celle-ci a bien changé ! Sur un carrelage blanc cassé, des tables laquées noires du meilleur effet, de jolies chaises rouge vif très « déco » mais guère confortables, une longue banquette en coussin gris un peu déconcertante et, sur une petite scène, des tables basses violettes trop « handmade » pour être élégantes et de petits tabourets argents sortis d’un vaisseau spatial des années 80 et commandé par les frères BOGDANOFF. Les enceintes sono B&W révèlent une volonté d’excellence mais certaines caractéristiques vous ramènent bien vite à la dure réalité… Nous n’avons, par exemple, pas été sensibles à la beauté des tableaux au mur, pas non plus à celles des traces foncées sur la peinture blanche, aux prises électriques débranchées, aux jointures des plinthes mal découpées ainsi qu’à la tentative osée de marier tout cela dans une décoration harmonieuse. Mais vous savez ce que l’on dit des goûts et des couleurs…

A peine assis, on constate de suite que les deux serveurs sont aimables, souriants, à notre écoute et très arrangeants. Mais, je me permets tout de même de leur conseiller d’apporter une touche de sobriété. Sans aller jusqu’au costume-cravate, sobriété dans leur tenue. On ne les confondra plus avec des clients et ils gagneront en prestance. Et, tant qu’on y est, même si je sais bien que la Guadeloupe est petite et que, par conséquent, tout le monde se connait, sobriété aussi dans leur attitude avec les clients. Penché au-dessus de nous, les mains sur les deux coins de la table ou leur visage à dix centimètres de leur interlocuteur, désolé, ça ne se fait pas…

Un délicieux jus de fruits pressés et un planteur tout aussi bon nous permettent d’apprécier le menu très bien écrit sur un petit tableau noir que l’on dépose devant moi. Au diable la galanterie et tant pis pour Lili qui sera obligée de se retourner pour le consulter (Heummm…) La carte variée est très appétissante. Après une négociation de quelques minutes et un torticolis pour Lili (non, là, je plaisante ! 😉 ) nous parvenons à arrêter notre choix.

On nous apporte notre bouteille d’eau (sans coupelle…), on demande de baisser un peu le volume de la musique d’ambiance (qui n’en est pas vraiment), on rigole de la réaction implacable du serveur qui accueille de nouveaux client ( « – Climatisé sans clim c’est pas possible ça Madame » 😀 ) et bientôt nos entrées nous sont présentées…

La tarte fine aux échalotes et au jambon cru accompagnée d’une salade de crudités choisie par Lili est dans l’ensemble plutôt savoureuse. La pâte feuilletée croque puis fond avec délice sur la langue, la purée d’échalote envahit votre bouche avec onctuosité et le jambon parfume le tout avec délicatesse. Seule la salade de crudité est, seulement, bonne. De mon côté, le croustillant de chèvre est un peu trop chargé en poireaux ce qui étouffe le goût du fromage. Même salade de crudités que Lili, donc, même constat. La sauce à la menthe servie dans un petit verre est un mystère avant que le serveur nous dévoile sa composition. Testez-la, elle vaut vraiment le coup !

Le pain, lové dans un joli bol carré blanc, est tout à fait honorable, les verres à eau soignés, les serviettes en papier un peu « cheap ». Mais alors, LA faute inexcusable tellement elle est facile à éviter, c’est le non-remplacement des couverts (beaux, par ailleurs) ! Messieurs !!! Franchement ! Ça coûte quoi, lorsqu’il y a dix personnes en salle ??? S’il vous plait, pensez-y… Tout comme vous devriez penser à revoir l’agencement des toilettes. Une SEULE serviette essuie-main en tissu entre la tuyauterie, produits d’entretien posés sur le réservoir des WC, lavabo minuscule,… A revoir !

Le petit brin de persil jaune (donc fané… Là encore, c’est tellement simple à éviter ! Plutôt ne rien mettre !) et exactement la même salade que l’entrée dans l’assiette de Lili ne présagent rien de bon pour nos plats principaux. Mais non, à part pour le risotto, les saveurs sont au rendez-vous ! Que ce soit le magret de canard risotto de ma partenaire ou mon entrecôte frites, nous nous régalons avec grand plaisir. Outre la difficulté récurrente d’obtenir des cuissons bleues ou saignantes qui restent malgré tout chaudes (un aller-retour rapide en cuisine a éliminé ce petit inconvénient), les deux viandes s’expriment vraiment en toute liberté, caressant le palais, chatouillant les papilles avec malice.

Pour les desserts, le tiramisu au café serait encore meilleur s’il était un peu plus puissant, s’il n’avait pas besoin d’une tasse de café pour l’accompagner et le déguster. Mon coulant au chocolat et son cœur de Toblerone me comblerait vraiment si ce dernier était un peu plus conséquent, si le corps en chocolat était moins… standard.

Comme tant d’autres, ce restaurant n’est, selon nous, pas encore parvenu à la perfection mais il possède incontestablement de très bons atouts. Trois mois après son ouverture, des ajustements restent à réaliser mais je suis convaincu que l’excellente surprise d’une addition étonnamment légère (82,50€ payable en AmEx) saura convaincre les gourmets de renouveler leurs tentatives. En ce qui nous concerne, nous reviendrons pour l’imposante « côte de bœuf pour deux » car elle nous semble SOOOOO good 😉

Visité en Juin 2013

Alexandres

Le SO – 17 route de la riviera – 97190 LE GOSIER – Téléphone :  0590.88.89.45

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